jeudi 14 mai 2015

3 Première pierre

Il est de tradition de dater le début de la construction d'un navire au jour de la pose de sa quille. Et bien c'est chose faire, après quelques semaines de préparation.

La quille comporte une structure axiale en fers à béton, elle a été réalisée à plat sur un gabarit, afin de positionner au mm près les 4 tiges filetées.

Pour densifier le béton, elle est complétée par des segments de 30 cm disposés de part et d'autre, et d'un lot de ferrailles disparates découpées en menus morceaux. La masse totale est estimée au minimum à 325 kg, soit une densité de 2.7.

Le béton est un mélange savamment dosé de sable tamisé (0/2 mm), de petits gravillons ( 2/5 mm), de ciment, d'hydrofuge ( latex liquide ) et de fibres améliorant la résistance aux chocs ( crabes portez des casques ).

Et voilà, après 8 heures non stop de maçonnerie, la quille est finie !

Modélisation de la structure

Calcul du volume dans FreeShip

Les fibres : bien les séparer pour éviter les bouloches !

les segments attendent sagement

La structure et le moule sur son chantier

2 cm de béton et pose du profil inférieur

Mise en place de la structure, niveau, aplomb, et on enchaîne les couches, avec compactage rigoureux

8 heures plus tard...



samedi 17 janvier 2015

2 Objectif béton


Une nouvelle année commence, et cette fois j'espère bien avancer un peu le projet du doris de haute mer.

J'ai passé un peu de temps à travailler sur la carène d'un 12m inspiré de Colin Archer pour Luc, un multi-récidiviste de la construction de bateau en bois. Je suis parti de son dessin et après pas mal de discussions et avis des experts en tout genre, nous en sommes rendus à la version 4. Un bateau hyper solide destiné à naviguer entre les icebergs.
Le "cruiser V4"

De mon côté, j'ai décidé de simplifier au maximum mon plan, plus de roof, pas de cockpit, plus de dérive. Retour à l'essentiel, une simple coque pontée, dans l'esprit du James Caird, le mythique canot ayant sauvé l'expédition Shackleton en 1916.

La coque sera plus fine, moins de franc-bord, un peu moins de déplacement. Une quille avec un tirant d'eau de 92 cm en charge. 4 couchettes, cuisine et table à carte.

Le plus important à bord : les vivres
Samy, mon fidèle équipier, grand consommateur de fromages et pâtés, dessina un plan quelque peu idéalisé du canot', avec surtout un wc isolé à l'avant, ce qui est essentiel pour lui. Attention quand même à ne pas sombrer dans le luxe.

Vu le poids de l'engin, environ 1,2 tonnes à vide, il sera très difficile de le déplacer, il faut donc commencer par mettre en place la quille qui sera la base du chantier.

La quille...traditionnellement elle est métal, donc quasiment impossible à réaliser, coût énorme en passant par une fonderie. J'ai donc étudié et dessiné une quille en béton armé, le béton c'est le matériau quasiment idéal ; économique, imputrescible, facile à mettre en oeuvre. Mon grand-père maternel ne jurait que par ce matériau miracle.

Le profil retenu est un savant compromis entre hydrodynamique, portance et volume nécessaire. Le béton sera coulé dans un moule recevant une armature d'acier destinée tout à la fois à augmenter la résistance et la densité.

Je suis donc en pleine construction du moule, uniquement avec des matériaux de récupération, ce n'est qu'un début, il faudra fortement le renforcer pour qu'il résiste à la pression latérale du béton liquide. J'ai essayé d'être le plus précis possible, usant du niveau et du fil à plomb.





Porque et épontilles pour recevoir le mât

Plan de la structure

On commence par positionner le gabarit du profil

Montage à blanc des flanc... il faudra de sérieux renforts latéraux

Une réplique du James Caird voir ici



lundi 30 juin 2014

1 Un nouveau rêve...un nouveau bateau

L'année écoulée, j'ai plus navigué sur les eaux douces et salées que les 41 années précédentes.
Le premier projet du scow 450 http://voilierfluvial.blogspot.fr/ m'a permis de renouer avec la voile, d'échanger et d'apprendre sur le forum bateaubois.com, et de me voir proposer des sorties en mer, des rencontres incroyables sur des îles lointaines, des rencontres humaines qui nous rappellent aussi que les rêves doivent être réalisés ici.

A bord de L'Aglode de PiloteDeBord


Et puis au printemps, à Yport et Étretat j'ai eu la révélation mystique devant la forme simple du doris, un bateau simple, une coque à clin ; rencontre un peu préméditée car mètre et carnet dans la poche j'ai rapidement relevé les cotes de ces belles coques échouées sur les galets.



Et sans vexer personne, je préfère ces rivages sauvages aux plages bétonnées de ma Vendée natale.

Le choc suivant c'est la visite de la cabine d'Elendil, ce knarr viking de 9 mètres construit par Luc, un type un peu dingue qui rêva de haute mer de sa Mayenne. Une coque en bois massif, un intérieur-refuge chaleureux, des cordages de chanvre, de la toile, du goudron, une âme. http://unbateauetdesmots.blogspot.fr/



Alors construire un bateau en bois massif pourquoi pas ? Mais ça n'a pas de justification autre que le plaisir intemporel de faire des copeaux, un bateau en plastique des années 1970, ça vaut presque plus rien, ça se donne même. Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas économique, ce n'est pas la voie de la facilité.



Et puis ça fait un moment que je pense aux doris, pour un débutant c'est quand même plus abordable qu'une coque en forme, il en existe même de croisière, comme Hestur, dessiné par Jay Benford, et d'autres au nord des Amériques, inspirés eux aussi du doris de Terre-Neuve.http://junkdorybuild.blogspot.fr/

Hestur, plan Benford en contreplaqué



Mon doris sera un voilier de croisière côtière, capable donc de naviguer réglementairement par force 6 et si possible plus en cas de coup dur. Pour allez où ? d’abord en baie de Seine, sur la côte Normande, vers le Cotentin, et puis qui sait, un jours traverser vers les Iles britanniques.

Reste à dessiner ce nouveau voilier, c'est simple à priori un doris, mais concevoir un tel projet implique de maîtriser sur plans l'ensemble des paramètres : la forme, le déplacement, la structure, la voilure, les assemblages.

Le doris fera 6,9 mètre par environ 2,4 ; au maximum 1,9 tonnes en charges, pour un peu plus de 20m² de voilure. Après bien des avants-projets, des discussions avec les hauts en couleurs membres de bateauxbois, le plan commence à aboutir, les idées saugrenues comme la quille en béton armé finissent par s’éclipser au profit de solutions plus performantes.

La plan de forme a été conçu avec le logiciel Freeship, qui permet de calculer le déplacement théorique, le centre de gravité, le coefficient prismatique et autres valeurs caractéristiques, et de vérifier si les formes sont bien développables.

A partir du plan de forme, j'ai tracé le plan de structures, pris des côtes et des angles et calculé les dimensions des couples hors bordés, ainsi que le profil de l'étrave.

Roof à deux niveaux avec vue sur l'avant...comme sur Elendil

Couchettes, wc, coin cuisine et navigation

Pas encore définitif, la voilure et les appendices

L'épure, des chiffres et de la trigonométrie


Et voilà que dimanche en fin d'après midi, j'ai affûté la hache et la lame du rabot, sorti de la grange une vieille poutre en chêne de famille, tracé quelques traits, et avec force sueur taillé l'étrave.