lundi 30 juin 2014

1 Un nouveau rêve...un nouveau bateau

L'année écoulée, j'ai plus navigué sur les eaux douces et salées que les 41 années précédentes.
Le premier projet du scow 450 http://voilierfluvial.blogspot.fr/ m'a permis de renouer avec la voile, d'échanger et d'apprendre sur le forum bateaubois.com, et de me voir proposer des sorties en mer, des rencontres incroyables sur des îles lointaines, des rencontres humaines qui nous rappellent aussi que les rêves doivent être réalisés ici.

A bord de L'Aglode de PiloteDeBord


Et puis au printemps, à Yport et Étretat j'ai eu la révélation mystique devant la forme simple du doris, un bateau simple, une coque à clin ; rencontre un peu préméditée car mètre et carnet dans la poche j'ai rapidement relevé les cotes de ces belles coques échouées sur les galets.



Et sans vexer personne, je préfère ces rivages sauvages aux plages bétonnées de ma Vendée natale.

Le choc suivant c'est la visite de la cabine d'Elendil, ce knarr viking de 9 mètres construit par Luc, un type un peu dingue qui rêva de haute mer de sa Mayenne. Une coque en bois massif, un intérieur-refuge chaleureux, des cordages de chanvre, de la toile, du goudron, une âme. http://unbateauetdesmots.blogspot.fr/



Alors construire un bateau en bois massif pourquoi pas ? Mais ça n'a pas de justification autre que le plaisir intemporel de faire des copeaux, un bateau en plastique des années 1970, ça vaut presque plus rien, ça se donne même. Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas économique, ce n'est pas la voie de la facilité.



Et puis ça fait un moment que je pense aux doris, pour un débutant c'est quand même plus abordable qu'une coque en forme, il en existe même de croisière, comme Hestur, dessiné par Jay Benford, et d'autres au nord des Amériques, inspirés eux aussi du doris de Terre-Neuve.http://junkdorybuild.blogspot.fr/

Hestur, plan Benford en contreplaqué



Mon doris sera un voilier de croisière côtière, capable donc de naviguer réglementairement par force 6 et si possible plus en cas de coup dur. Pour allez où ? d’abord en baie de Seine, sur la côte Normande, vers le Cotentin, et puis qui sait, un jours traverser vers les Iles britanniques.

Reste à dessiner ce nouveau voilier, c'est simple à priori un doris, mais concevoir un tel projet implique de maîtriser sur plans l'ensemble des paramètres : la forme, le déplacement, la structure, la voilure, les assemblages.

Le doris fera 6,9 mètre par environ 2,4 ; au maximum 1,9 tonnes en charges, pour un peu plus de 20m² de voilure. Après bien des avants-projets, des discussions avec les hauts en couleurs membres de bateauxbois, le plan commence à aboutir, les idées saugrenues comme la quille en béton armé finissent par s’éclipser au profit de solutions plus performantes.

La plan de forme a été conçu avec le logiciel Freeship, qui permet de calculer le déplacement théorique, le centre de gravité, le coefficient prismatique et autres valeurs caractéristiques, et de vérifier si les formes sont bien développables.

A partir du plan de forme, j'ai tracé le plan de structures, pris des côtes et des angles et calculé les dimensions des couples hors bordés, ainsi que le profil de l'étrave.

Roof à deux niveaux avec vue sur l'avant...comme sur Elendil

Couchettes, wc, coin cuisine et navigation

Pas encore définitif, la voilure et les appendices

L'épure, des chiffres et de la trigonométrie


Et voilà que dimanche en fin d'après midi, j'ai affûté la hache et la lame du rabot, sorti de la grange une vieille poutre en chêne de famille, tracé quelques traits, et avec force sueur taillé l'étrave.